Un territoire à partager

D’abord une voie de pénétration du territoire qui permet aux autochtones et aux explorateurs de circuler, la rivière Saint-Maurice sert ensuite à acheminer le bois jusqu’aux scieries et aux usines de pâtes et papiers qui se multiplient au XIXe siècle. Au tournant du XXe siècle, la rivière est exploitée pour son potentiel énergétique (hydraulique, puis hydroélectrique). À l’aube des années 2000, le flottage du bois étant désormais interdit, les riverains redoublent d’efforts pour assurer l’essor de la villégiature et des activités touristiques qui ne cessent de croître dans le bassin versant de la rivière.

Communauté de Wemotaci

Les premiers habitants du territoire

La nation atikamekw considère le Nitaskinan comme son territoire ancestral. Celui-ci qui couvre l’ensemble du bassin versant de la rivière Saint-Maurice, y compris le réservoir Gouin. Trois communautés atikamekw sont installées dans ce bassin hydrographique.

Obedjiwan est située sur la rive nord-ouest du réservoir Gouin, à environ 70 km du barrage Gouin à vol d’oiseau.

Wemotaci [PDF 123 Ko]se trouve sur la rive nord de la rivière Saint-Maurice, à 78 km en aval du barrage Gouin. La communauté de Wemotaci utilise aussi les terres du secteur de Coucoucache sur la rive nord de la rivière Saint-Maurice et du réservoir Blanc, à 130 km en aval du barrage Gouin.

Manawan [PDF 118 Ko]est située dans Lanaudière aux abords du lac Métabeskéga, à près de 38 km à vol d’oiseau du barrage de la Manouane-A sur la rivière Manouane. Cette rivière est l’un des 15 principaux tributaires de la rivière Saint-Maurice.

Aujourd’hui, Hydro-Québec entretient un dialogue permanent avec la Nation atikamekw. Elle peut ainsi maintenir une relation avec celle-ci et concilier les intérêts de toutes les parties lorsqu’elle prend des décisions qui touchent le territoire.

Usine Belgo à Shawinigan dans les années 1920.

La première phase de l’industrialisation

Au XIXe siècle, la grappe industrielle de la Mauricie est principalement axée sur les pâtes et papiers. Les billes de bois sont transportées par voie d’eau des chantiers forestiers aux usines (p. ex. à l’usine Belgo de Shawinigan, qu’on peut voir sur la photo ci-contre, mais surtout aux usines de Trois-Rivières). Le flottage du bois constitue un mode de transport efficace, fiable et peu coûteux. Ainsi, pour que le bois puisse être acheminé jusqu’à Trois-Rivières, les huit centrales construites sur la rivière Saint-Maurice avant 1990 sont dotées de passes à billes. La drave est toutefois interdite en 1992, et la mise à l’eau de nouvelles billes cesse complètement en 1995.

Aujourd’hui, le bois provenant de la forêt est transporté aux usines de transformation par des routes multi-usages où les camions côtoient des autochtones, des villégiateurs et des employés d’Hydro-Québec.

Vue aérienne de la ville de Shawinigan dans les années 1920.

La seconde phase de l’industrialisation

Au milieu des années 1870, une crise secoue la filière du bois et ébranle l’économie régionale. La transformation industrielle de la Mauricie se fait sous la gouverne de la Shawinigan Water & Power Company (SWP). Dès 1901, l’entreprise met en service la centrale de Shawinigan-1. Elle adopte par ailleurs une stratégie visant à diversifier ses activités et à attirer à Shawinigan des industries énergivores, soit celles des pâtes et papiers, de l’aluminium et des produits chimiques. Séduits par la disponibilité de l’électricité, la présence de ressources et le bassin de main-d’œuvre, plusieurs répondent à l’appel. Le début du XXe siècle marque donc le développement industriel de Shawinigan, sur les rives de la rivière Saint-Maurice. Pour en apprendre davantage sur le berceau de l’électricité, vous pouvez visiter la Cité de l’énergie, à Shawinigan.

Les activités du secteur tertiaire

Vers 1868, des baux de droits exclusifs de chasse et de pêche sur certaines parties du territoire public sont conclus avec des personnes physiques ou morales. Des clubs privés voient le jour pour atteindre leur apogée entre 1945 et 1952.

À la fin des années 1960, s’élève une vive contestation contre la présence des clubs privés de chasse et de pêche au Québec. En 1978, le gouvernement adopte la nouvelle politique de gestion de la faune pour permettre l’accès universel aux ressources fauniques et aux loisirs en forêt sur les terres publiques. Les clubs privés sont abolis et remplacés par des zones d’exploitation contrôlée (zec), des réserves fauniques et des pourvoiries avec ou sans droits exclusifs.

La fin du flottage du bois et les aménagements sur la rivière créent un environnement propice à l’essor de la villégiature :

  • la régularisation des apports d’eau prévient les inondations ;
  • la stabilisation des niveaux d’eau l’été permet la navigation ;
  • l’aménagement de routes multi-usages et à l’entretien de celles-ci facilitent l’accès au territoire.

Si, au début du XXe siècle, le barrage Gouin était isolé et inaccessible, la situation a bien changé depuis. Le pourtour des réservoirs a été mis en valeur de même que les rives de la rivière Saint-Maurice et de ses tributaires. Dans le bassin versant de la rivière Saint-Maurice, on comptait en 2017 :

Hydro-Québec entretient un dialogue constant avec le milieu d’accueil pour assurer une cohabitation harmonieuse avec ses voisins. Ainsi, tout en respectant ses obligations et ses contraintes d’exploitation, Hydro-Québec a pu répondre favorablement au milieu qui souhaitait favoriser la navigation durant les fins de semaine en période estivale. À cet effet, Hydro-Québec a réalisé un essai de débit réservé dans la rivière Saint-Maurice.

Source de la photo : Ville de La Tuque

La rivière Saint-Maurice

Au début, les habitants s’établissent à Trois-Rivières, sur le bord du fleuve Saint-Laurent. Ensuite, les berges de la rivière Saint-Maurice sont progressivement mises en valeur grâce aux entreprises forestières. Les campements des travailleurs forestiers s’y installent au départ, puis, sous l’influence des établissements industriels, ceux-ci se transforment en municipalités.

La construction de barrages dans le bassin versant, entre autres les barrages de la Manouane (A, B et C), Gouin et Matawin, a permis de régulariser 40 % des apports d’eau dans la rivière Saint-Maurice.

  • 1885

    Grandes-Piles

    – Fondation de la municipalité de paroisse de Saint-Jacques-des-Piles qui devient Grandes-Piles en 1966.
  • 1898

    Grand-Mère

    – Fondation officielle de la municipalité de village.
  • 1899

    Shawinigan

    – Shawinigan est la première ville du Québec à se doter d’un plan d’urbanisme. En effet, dès 1899, la Shawinigan Water and Power Company commande les premiers plans de développement de la ville à T. Pringle and Son, entreprise montréalaise spécialisée en architecture et en génie industriel. Le lieu choisi pour la future ville est adjacent à la rivière Saint-Maurice, à proximité des chutes.
  • 1905

    La Tuque

    – La Brown Corporation fait l’acquisition des chutes de La Tuque et entreprend à proximité la construction d’une usine de pâte qui fonctionne à l’énergie hydraulique. Aujourd’hui, les vestiges de cette usine sont mis en valeur en aval de l’aménagement hydroélectrique de La Tuque. Le 24 mars 1911, la municipalité du village de La Tuque et celle de La Tuque Falls fusionnent pour former la ville de La Tuque.