Une rivière fougueuse

La rivière Saint-Maurice sillonne la région de la Mauricie sur 381 kilomètres, et son débit varie énormément d’une saison à l’autre. Elle prend sa source dans les bassins versants de la baie d’Hudson et de l’Atlantique en amont du réservoir Gouin, surnommé le gardien de la rivière Saint-Maurice.

Les bassins versants du Québec

Le Québec contient 430 bassins versants majeurs. De ce nombre, une centaine ont une superficie supérieure à 4 000 km2. La gestion intégrée des ressources en eau par bassin versant est un processus permanent, supervisé par le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques .

Le cycle de l’eau

L’eau s’inscrit dans un cycle hydrologique. En réchauffant les océans, les lacs et les rivières, le soleil provoque l’évaporation de celle-ci. La vapeur d’eau s’élève ensuite dans l’atmosphère où elle se condense et se transforme en nuages. Quand la condensation ou l’humidité atteint un maximum, les nuages laissent échapper des gouttelettes d’eau qui retombent sous forme de pluie ou de neige. L’eau revient donc sur la terre et retourne vers les lacs, les rivières et les océans, puis le cycle recommence.

Le bassin versant de la rivière Saint-Maurice

Le bassin versant de la rivière Saint-Maurice s’étend sur 42 651 km2, ce qui équivaut au territoire de la Suisse. La rivière reçoit les apports d’eau de 100 affluents et 36 000 lacs. Le territoire du bassin versant de la rivière Saint-Maurice traverse six régions administratives voisines de la Mauricie, soit les régions de Lanaudière, de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Capitale-Nationale, des Laurentides et du Nord-du-Québec.

Le partage de la rivière dans les années 1910

Au début du 20e siècle, le débit de la rivière Saint-Maurice est partagé entre des entreprises de pâtes et papiers et d’hydroélectricité. Ces entreprises forment la Saint Maurice Hydraulic Company en 1909 afin de régulariser la rivière : la Canada Iron Corporation à Trois-Rivières, la Quebec and St. Maurice Industrial Company à La Tuque, la Laurentide Company à Grand-Mère, la Shawinigan Water and Power Company à Shawinigan, l’Union Bag and Paper Company au Cap-de-la-Madeleine, la Grès Falls Company, la St. Maurice Driving and Improvement Association et la St. Maurice River Boom and Driving Company. À cette époque, les résidents et les communautés autochtones n’ont pas voix au chapitre.

La régularisation de la rivière Manouane

Le débit naturel de la rivière Saint-Maurice varie beaucoup d’une saison à l’autre. En 1913, le régime naturel de la rivière Saint-Maurice fluctue de 170 m3/s en période estivale à 5 700 m3/s lors de la crue printanière. Dès 1909, la Saint-Maurice Hydraulic Company est créée dans le but de réunir les utilisateurs industriels de la rivière autour d’un objectif commun, soit la régularisation de la fougueuse rivière Saint-Maurice. Entre 1909 et 1911, la Shawinigan Water and Power Company réhabilite l’ancien barrage de flottage, Manouane-A, et construit deux nouveaux barrages, Manouane-B et C. Il s’agit de la première étape de la régularisation de la rivière Saint-Maurice. Les résultats convaincants – un débit constant sur la rivière Manouane – donneront le ton au futur aménagement du barrage Gouin.

L’hôtel du Parlement du Québec

Le rôle de la Commission des eaux courantes

Heureuse du succès des barrages de la rivière Manouane, la Saint-Maurice Hydraulic Company propose en 1910 au gouvernement du Québec le projet de la construction de quatre petits barrages dans la partie supérieure du Saint-Maurice. Plutôt que de lui confier le projet de construction, le gouvernement attribue le mandat à une nouvelle venue, la Commission des eaux courantes du Québec. Créée en 1910, cette commission témoigne de la prise en charge par l’État québécois de ses ressources hydrauliques. Le barrage Gouin est son premier mandat. Les études liées au projet débutent en 1912 et sont réalisées par le personnel technique de la Commission. D’autres études suivent dans les prochaines années, pour aboutir à l’avant-projet de la construction d’un seul barrage créant pour l’époque le plus gros réservoir au monde.

Le rôle de la Shawinigan Water and Power Company

En 1915, la Commission des eaux courantes du Québec lance un appel de propositions pour exécuter les travaux du barrage Gouin. Neuf soumissions sont reçues le 15 juin. C’est la Saint-Maurice Construction Company qui obtient le contrat. Celle-ci est la filiale de la Shawinigan Water and Power Company qui a construit la plupart des centrales hydroélectriques de la rivière Saint-Maurice.

Le complexe hydroélectrique de la rivière St-Maurice

Avec son débit important et ses hauteurs de chute élevées, la rivière Saint-Maurice comporte plusieurs endroits propices à la construction d’une centrale hydroélectrique. Une centrale est une usine où l’on produit de l’électricité en utilisant l’eau comme force motrice pour faire tourner des turbines qui entraînent à leur tour des alternateurs. Sur la rivière Saint-Maurice, à l’exception de la centrale du Rapide-Blanc, toutes les centrales sont au fil de l’eau. Elles sont donc alimentées directement par un cours d’eau et ne disposent d’aucune réserve – d’où l’importance de la construction du réservoir Gouin.

 

Le cycle annuel du réservoir Gouin

Depuis la nationalisation de 1963, Hydro-Québec gère le complexe de la rivière Saint-Maurice. Le niveau du réservoir Gouin varie au cours de l’année. Durant l’hiver, Hydro-Québec procède à l’abaissement du réservoir afin de pouvoir remplir celui-ci lors de la crue et de la fonte des neiges. Au moment de la période estivale, le niveau du réservoir atteint un niveau maximal jusqu’à la fin de l’automne. Le cycle recommence année après année en fonction des précipitations de pluie ou de neige. C’est ainsi qu’Hydro-Québec peut veiller à la sécurité physique des utilisateurs de la rivière, mais également à la sécurité énergétique des Québécois.

Centrale de Rapide-Blanc
Centrale de Grand-Mère

Le débit d’eau réservé pour les centrales

L’arrivée des barrages – Gouin, Manouane-A, Manouane-B, Manouane-C, Mattawin et Mékinac – a façonné le territoire de la Mauricie. Ils permettent de gérer 40 % des apports d’eau (neige, pluie et ruissellement) du bassin versant de la rivière Saint-Maurice. L’autre 60 % des gouttes d’eau s’écoulent directement dans la rivière. Les onze centrales hydroélectriques installées sur la rivière ont besoin d’un débit d’eau minimal pour fonctionner de façon efficace et continuer à produire de l’électricité en fonction de la demande.

Carte sur le partage de la rivière actuel

Le partage actuel de la rivière

Il n’y a pas que les centrales hydroélectriques d’Hydro-Québec qui utilisent la rivière Saint-Maurice. Les communautés autochtones, les résidents, les municipalités, les touristes et les pourvoiries se partagent la rivière tout au long de l’année. Ainsi, la gestion intégrée avec tous les utilisateurs et les autorités revêt une grande importance.

Document sur le plan d’affectation du territoire public de la Mauricie  [PDF 2,86 Mo]