Poste Saint-Jean à 315‑25 kV et ligne d’alimentation à 315 kV

Démarche environnementale

L’aménagement de l’emprise : Un concept innovateur favorisant la biodiversité urbaine

À la suite de l’évaluation environnementale et des activités de communication tenues dans le contexte du projet, un comité de travail réunissant des représentants de la Ville de Dollard-des-Ormeaux et d’Hydro‑Québec a défini un concept d’aménagement dans l’emprise qui vise deux objectifs. Le premier est d’inciter les citoyens à utiliser l’emprise en mettant en place un sentier piétonnier, une piste cyclable, du mobilier urbain et des massifs de plantation, dans une ambiance paysagère attrayante. Le deuxième vise la préservation et la mise en valeur de la biodiversité en milieu urbain.

Hydro‑Québec, 2021 - Aménagement de l'emprise.

Auparavant, l’emprise de ligne de transport ressemblait plutôt à un champ, où la végétation était fauchée à quelques reprises durant l’année. Une friche herbacée et arbustive de plus de 42 000 m2, 700 arbres et arbustes et plus de 4 700 vivaces font aujourd’hui partie intégrante du paysage.

La valorisation de la biodiversité urbaine, l’amélioration de la qualité de vie et la mobilité active étaient donc au cœur de ce projet conçu par Hydro‑Québec, en collaboration avec la Ville de Dollard-des-Ormeaux. L’aménagement réalisé offre maintenant un milieu de vie enrichi dans lequel se côtoient l’humain et la nature.

À quoi s’attendre pendant les premières années?

Certaines semences de prairie prennent souvent deux à trois ans pour germer. Quelques-unes feront leur apparition dès la première année alors que d’autres seulement à la deuxième et même troisième année après l’ensemencement initial. La plupart des graminées et des fleurs sauvages vivaces ne commenceront à fleurir qu’à la deuxième ou troisième saison de pleine croissance. La patience est une vertu lorsqu’il s’agit d’établir une prairie ! Bien que la plantation semblera paraître un peu comme une zone de mauvaises herbes au cours des première et deuxième années, vous verrez que de nombreux plants de fleurs sauvages et de graminées commenceront à fleurir au cours de la troisième année.

Pendant les premières années, les plants vivaces de prairie consacrent la majorité de leur énergie à former leur système racinaire. Ils ne seront pas si visibles que cela au-dessus du sol la première année, mais ils travailleront fort à former de solides racines profondes qui les soutiendront dans les années à venir. Les racines profondes des fleurs sauvages et des graminées leur donnent un pouvoir stabilisant à long terme pour étouffer les mauvaises herbes annuelles et bisannuelles. Ce qui permettra aux plants de la prairie de revenir en pleine force les années suivantes, et ce, pendant des décennies.

En vue de supporter la biodiversité urbaine, une place prépondérante a été faite aux espèces floristiques indigènes dans les aménagements. En plus d’avoir des caractéristiques esthétiques tout aussi intéressantes que les plantes ornementales, les plantes indigènes sont essentielles au maintien de nos écosystèmes. Ayant évolué en même temps que les espèces fauniques, ces plantes sont parfaitement adaptées aux besoins de celles-ci. Elles jouent un rôle indispensable au maintien de la biodiversité en servant de nourriture, d’abri et de lieu de reproduction.

Le concept d’aménagement repose sur une sélection importante d’espèces indigènes. Près de la moitié des plantations proviennent d’espèces indigènes ou naturalisées, et la majorité des espèces qui composent les mélanges utilisés pour l’ensemencement sont indigènes.

Le choix des végétaux s’est fait principalement en fonction des espèces favorisées par les pollinisateurs indigènes. L’objectif était de bonifier et de valoriser les habitats nécessaires à leur croissance en milieu urbain. De plus, les espèces végétales sélectionnées offraient un habitat propice à la faune urbaine, dont les oiseaux et certains mammifères. Des variétés horticoles offrent aux passants un spectacle fleuri, notamment sur les buttes et aux intersections des rues.

Le Panic érigé

Le Panic érigé (ou panic raide) attire les papillons et constitue une source de nourriture pour les oiseaux granivores, comme le chardonneret jaune. Il fournit également du matériel pour la construction de nids de plusieurs espèces d’oiseaux qui nichent au sol.

L’aster de Nouvelle-Angleterre

L’aster de Nouvelle-Angleterre est une plante indigène reconnue pour son excellent potentiel mellifère qui attire les abeilles indigènes et même les papillons. De plus, cette plante offre des graines aux oiseaux et abrite durant l’hiver de petites larves d’insectes cachées dans les capsules. Le bruant à gorge blanche, la paruline masquée et la paruline à flancs marron sont quelques exemples d’espèces que la plante attire. 

Le saule pétiolé

Le saule pétiolé est un arbuste indigène qui se caractérise par son bois mou permettant à certaines espèces d’abeilles d’y creuser des galeries pour y pondre leurs œufs. Il est une source de pollen des plus hâtives pour les insectes butineurs, notamment les bourdons.

Le concept visait également à développer des types d’aménagements paysagers pertinents pour la faune, tout en étant adaptés au milieu urbain, ainsi qu’un mode d’entretien qui permet de maintenir la biodiversité. On s’attend donc à ce que les pollinisateurs prospèrent allégrement dans l’emprise et puissent également les utiliser pour se déplacer vers d’autres milieux semi-naturels comme les boisés et les parcs à proximité.

Papillon monarque

Les pollinisateurs sont associés à plusieurs biens et services écologiques. Par exemple, ils assurent près de 30 % des végétaux cultivés mondialement pour l’alimentation humaine. Les pollinisateurs jouent aussi un rôle clé dans le maintien des écosystèmes naturels sains en pollinisant des espèces végétales sauvages. Ils contribuent donc, de façon indirecte, à l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, à la stabilisation des sols ainsi qu’à la survie de nombreuses espèces animales et végétales.

On pense habituellement à la production de miel, aux ruches et à l’abeille mellifère. Pourtant, au Québec seulement, on estime qu’il y a 350 espèces d’abeilles, y compris les abeilles indigènes, les bourdons et l’abeille domestique. Outre les abeilles, certaines espèces de mouches, de papillons et de coléoptères participent à la pollinisation des espèces végétales sauvages. Ces derniers s’acquittent toutefois moins efficacement de cette tâche.

Les emprises de ligne de transport : des espaces propices pour favoriser les pollinisateurs

Les emprises de ligne de transport représentent de grandes superficies d’espaces verts en milieu urbain. C’est pourquoi Hydro‑Québec est préoccupée par le sort des abeilles et étudie ces dernières afin d’en apprendre plus sur les pollinisateurs et le rôle potentiel des emprises de lignes de transport en matière d’habitat.

Selon les études effectuées, les emprises sont utilisées par une diversité importante de pollinisateurs. Les résultats des inventaires réalisés en milieu urbain révèlent la présence de 90 espèces de pollinisateurs, dont 40 espèces qui fréquentent les emprises à Montréal. Par ailleurs, les espèces végétales qu’on trouve dans les emprises permettent de répondre aux besoins alimentaires des pollinisateurs durant les trois saisons d’activité. Enfin, la présence de nicheurs de sols et de cavités (notamment le bois mort provenant des travaux d’entretien de la végétation) indique que les emprises sont favorables aux pollinisateurs pour la ponte, l’abri et l’hivernage. Les emprises de transport représentent donc des habitats adaptés aux abeilles indigènes et sont mêmes essentielles en zone urbaine où les milieux naturels, comme les friches, se font rares.

Le concept entourant les différents aménagements est intimement lié à l’entretien qui sera réalisé dans l’emprise, soit la gestion différenciée de la végétation. Contrairement à la méthode traditionnelle qui consiste à tondre le gazon de façon systématique et uniforme, la gestion différenciée de la végétation vise à moduler les fréquences de coupe des surfaces gazonnées et ainsi à laisser place à un espace vert plus naturel en vue de favoriser la biodiversité. Cette technique permet non seulement d’enrichir la diversité de la flore et de la faune, mais aussi d’augmenter la résistance des habitats à la sécheresse et aux espèces floristiques exotiques envahissantes. Parallèlement, elle améliore la qualité paysagère des lieux. Il en résulte un paysage plus riche, varié et rythmé.

Fondé sur l’approche de gestion différenciée de la végétation, le concept d’aménagement de l’emprise de la ligne de transport repose sur la création d’une mosaïque d’espaces modulés selon les fréquences de coupe. Il implique trois fréquences de coupe différentes, dont les zones sont délimitées par les piquets implantés tout au long du parcours. Ces zones forment alors des habitats favorables à la biodiversité dans un environnement urbain.

Le code de couleur que l’on retrouve sur les capuchons au bout de chacun des piquets est installé afin de déterminer le nombre d’années entre les fauches et permet de distinguer les différentes zones.

  • Piquets oranges – Il s’agit de zones fauchées aux deux ans. Elles favoriseront les pollinisateurs, tels que le monarque, l’abeille domestique, le bourdon et les abeilles indigènes.
  • Piquets bleus – Il s’agit de zones fauchées aux cinq ans, qui favoriseront les amphibiens et les reptiles, comme par exemple la couleuvre brune, la couleuvre à ventre rouge ou crapaud d’Amérique.
  • Piquets bleus – Ces zones ne seront jamais fauchée pour favoriser différents espèces de petits mammifères et d’oiseaux, tels que le renard roux, la paruline jaune, le chardonneret jaune, le bruant chanteur ou le merle d’Amérique.

Le papillon monarque

La gestion différenciée de la végétation dans les emprises des lignes de transport électriques permet, entre autres, de favoriser l’implantation d’espèces nourricières pour le monarque, de bonifier et de valoriser les habitats nécessaires à sa croissance et d’augmenter les populations en milieu urbain.

Papillon monarque

La présence de nerprun, une espèce exotique envahissante (EEE), a été détectée sur le site. Cette plante compétitive peut contribuer à la réduction de la biodiversité sur le site vu sa grande capacité d’adaptation. Lors de la réalisation de l’aménagement, des mesures ont été prises pour identifier, retirer et disposer hors site la majeure partie des plants de nerprun visibles ainsi que leurs racines. La propagation de cette plante se fait par les graines et il est possible que ces dernières, issues des fruits, soient accumulées dans le sol et qu’elles continuent de germer au courant des prochaines années malgré les efforts entrepris à ce jour. Les oiseaux participent également à la propagation des graines dans les environs en déplaçant celles présentent dans le sol. Considérant l’intention du projet de promouvoir la biodiversité des aménagements, un suivi annuel rigoureux sera effectué. Des interventions d’arrachage manuel permettront de poursuivre la gestion du nerprun sur le site.

Nerprun

Hydro‑Québec effectuera des suivis environnementaux sur une période de 10 ans. L’objectif est de valider l’efficacité et la performance des mesures d’atténuation mises en place dans l’emprise. Ce suivi permettra à Hydro‑Québec de valider si la mise en place d’aménagements d’envergure en emprise est une mesure efficace et performante sur les plans de l’appropriation de l’emprise, de la gestion différenciée de la végétation, de la biodiversité et de l’accueil favorable des projets dans le milieu. Les résultats permettront de mieux baliser ces mesures d’atténuation pour les futurs projets, de développer divers outils de communication et de publications scientifiques établis sur les bases d’une démarche scientifique.

Enquêtes et sondages

Hydro‑Québec réalisera entre autres des enquêtes et sondages auprès des propriétaires riverains et utilisateurs de l’emprise. Ils viseront entre autres à documenter leur utilisation de l’emprise et leur perception des aménagements réalisés et de la biodiversité urbaine.

Plan du milieu naturel

Le suivi environnemental servira à :

  • évaluer la gestion différenciée de la végétation et la performance des différents mélanges de semences utilisés (coûts, bénéfices sur la biodiversité et évolution végétale des mélanges);
  • mesurer l’efficacité du concept d’aménagements fauniques sur la préservation et la mise en valeur de la biodiversité (zones ensemencées et sites de plantations);
  • mesurer l’efficacité de la méthode d’entretien sur la préservation et la mise en valeur de la biodiversité.
Contrôle du nerprun

Le nerprun est une espèce exotique envahissantes. Un contrôle de la propagation du nerprun sera effectué dans l’emprise. Hydro‑Québec évaluera également l’efficacité de certains mesures mises en place pour le contrôle du nerprun.