Des héros sur le terrain
Guy, monteur de lignes, Saint-Césaire, 10 janvier 1998, 3 h
Je travaille 16 heures par jour depuis cinq jours. Enfin, je pense que c’est 16 heures, car je ne compte plus.
On a décidé en groupe qu’on envoyait valser les conventions collectives. J’ai des collègues qui travaillent habituellement au bureau qui préparent les repas et qui dorment sur place. C’est fou, ils sont eux-mêmes sinistrés. Leur famille est quelque part chez des parents, des amis ou dans un centre d’hébergement. Comment pourrait-on penser à soi quand plus d’un million de clients sont sans électricité ? Ils ont besoin de nous pour remonter les lignes. On se reposera après, quand on pourra dire : « mission accomplie » ?