La croissance de la demande d’électricité est stimulée par la prospérité de l’après-guerre. Hydro-Québec améliore la fiabilité de son réseau de transport et de distribution, laissé en piètre état par la Montreal Light, Heat and Power. Elle poursuit l’aménagement de la centrale de Beauharnois et se tourne vers son premier chantier éloigné : l’aménagement de la rivière Betsiamites, sur la Côte-Nord. C’est l’occasion pour Hydro-Québec de parfaire son expertise et de montrer qu’elle peut transporter l’énergie sur de longues distances à une tension record pour l’époque : 315 kV. Elle entreprend enfin la construction de la centrale de Carillon, dans la partie sud de l’Outaouais. Tout au long de cette période, Hydro-Québec étend graduellement son champ d’action au-delà de la région de Montréal, à la demande du premier ministre, Maurice Duplessis. Par ailleurs, c’est à l’Office de l’électrification rurale que ce dernier confie l’électrification des régions rurales du Québec.

1945

L’électrification rurale, l’affaire des coopératives

Le 24 mai, le premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis, fait adopter la Loi pour favoriser l’électrification rurale par l’entremise des coopératives d’électricité. Moins interventionniste que son prédécesseur Adélard Godbout, qui avait confié cette responsabilité à Hydro-Québec, Duplessis préfère laisser aux communautés locales le soin d’électrifier les régions les moins densément peuplées du Québec, des marchés qui offrent peu d’intérêt pour l’entreprise privée. Des 46 coopératives d’électricité issues de cette loi, 45 accepteront l’offre d’achat d’Hydro-Québec à compter de 1963. Une seule d’entre elles existe encore aujourd’hui : la Coopérative régionale de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville.

Maurice Duplessis (1890-1959)

Opposé à toute forme d’intervention de l’État dans le domaine économique, Maurice Duplessis s’élève contre l’étatisation de la Montreal Light, Heat and Power. Élu premier ministre en juin 1944, quelques semaines après la création d’Hydro-Québec, il doit achever l’œuvre entreprise par son prédécesseur, Adélard Godbout. Afin de se ménager les faveurs de sa base électorale, le monde rural, Duplessis crée l’Office de l’électrification rurale. Il se fait aussi rassurant pour les entreprises privées d’électricité. Sous son règne, il n’y aura pas d’autres nationalisations dans le domaine de l’électricité au Québec. Cela ne l’empêche pas de faire habilement appel à la société d’État dans un rôle supplétif auprès des régions qui présentent peu d’intérêt pour l’entreprise privée, mais qui ont un pressant besoin d’électricité pour développer leurs ressources minières et forestières.

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  • La revue mensuelle Le Progrès à la ferme faisait la promotion de l’électrification rurale dans les années 1950.

    Source : Archives d’Hydro-Québec

  • Des monteurs de lignes de la Shawinigan Water and Power Company raccordent une ferme au réseau électrique, en 1947. À l’époque, les campagnes québécoises sont très en retard sur les villes pour ce qui est de l’électrification. Entre autres raisons, le service coûte trop cher, surtout en régions éloignées. La création de l’Office de l’électrification rurale, en 1945, encouragera la formation de coopératives d’électricité, ce qui incitera les distributeurs privés à faire davantage pour desservir le monde rural.

    Source : Archives d’Hydro-Québec

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1947

Dédommagement des actionnaires de la Montreal Light, Heat and Power Company et des ses filiales

Une émission d’obligations de 112 225 000 $ remplace l’emprunt bancaire qu’Hydro-Québec a dû contracter pour dédommager les actionnaires de la Montreal Light, Heat and Power Consolidated. Le règlement définitif en faveur des actionnaires des deux filiales, la Beauharnois Light, Heat and Power et la Montreal Island Power, ne se réalise qu’en 1953, après un long arbitrage judiciaire.

Certificat d’actions de la Montreal Light, Heat and Power Consolidated. La Commission hydroélectrique de Québec a fait une offre d’achat aux actionnaires de l’entreprise lors de la nationalisation, en 1944.

Source : Archives d’Hydro-Québec

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1950

Une présence stratégique en Abitibi

À la demande du premier ministre, Maurice Duplessis, Hydro-Québec fait l’acquisition de la centrale de Rapide-7, en Abitibi. La société d’État entreprend également les travaux d’aménagement de la centrale de Rapide-2, dans la partie nord de l’Outaouais. L’objectif de ces travaux : satisfaire les besoins croissants de l’industrie minière. Lors de l’acquisition des distributeurs privés d’électricité, en 1963, Hydro-Québec deviendra propriétaire des centrales construites dans la région et effectuera la conversion de fréquence du réseau de distribution, qui passera ainsi de 25 à 60 hertz.

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  • La centrale de Rapide-2.

  • La centrale de Rapide-7.

  • 22 février 1965 – c’est le jour de la conversion dans la ville de Rouyn-Noranda. Techniciens, coordonnateurs et surveillants s’affairent aux travaux préliminaires.

    Source : Archives d’Hydro-Québec

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1953

Betsiamites, un premier chantier éloigné et des lignes à 315 kV

Hydro-Québec entreprend les travaux d’aménagement de la rivière Betsiamites (Bersimis), sur la Côte-Nord. Voilà une belle occasion pour la société d’État de faire son apprentissage dans la conduite de travaux sur des chantiers éloignés. Du même souffle, elle acquiert la maîtrise du transport de grandes quantités d’énergie sur de longues distances, soit plus de 600 kilomètres, pour atteindre le marché de Montréal. Hydro-Québec devient ainsi l’une des premières entreprises d’électricité du monde à mettre en service des lignes de transport à 315 kV. Exploit remarquable pour l’époque, les câbles aériens des lignes de transport à 315 kV traversent la rivière Saguenay en une seule portée de 1,6 kilomètre.

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  • L’entrée de la centrale Bersimis-1, en 1959. Première centrale construite par Hydro-Québec, cet ouvrage souterrain représentait un énorme défi technique et logistique, ce qui a permis à l’entreprise et à ses ingénieurs de se faire la main dans la conduite de grands projets. Les travaux

    Source : Archives d’Hydro-Québec

  • Pour acheminer la production du complexe Bersimis vers les grands centres urbains, Hydro-Québec a construit deux lignes de transport à 315 kV qui traversent la rivière Saguenay en une seule portée de 1,6 km. Photo prise vers 1963.

    Source : Archives d’Hydro-Québec

  • Centrale Bersimis-2 sur la rivière Betsiamites.

  • Aménagement de Bersimis-2, en 2009.

  • Écusson des employés d’Hydro-Québec à Labrieville, sur la Côte-Nord. Construit en 1953 pour héberger les travailleurs des chantiers du complexe Bersimis, le village de Labrieville a été démantelé en 1974.

    Collection historique d’Hydro-Québec
    2012.0007

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1955

Un coup de pouce à l’économie du Bas-Saint-Laurent

L’électrification de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent s’est faite tardivement sous l’égide de la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent. Les centrales de la Mitis-1 et de la Mitis-2 ont une puissance insuffisante pour assurer l’industrialisation du territoire. À la demande du gouvernement, Hydro-Québec établit une liaison sous-marine par câble entre la presqu’île de Manicouagan et le village des Boules, en Gaspésie. Cette liaison, qui permettra d’acheminer l’énergie en provenance de la Côte-Nord, se révèle si peu fiable qu’une centrale thermique d’appoint doit être construite pour suppléer aux besoins d’énergie de la région. Par la suite, des lignes de transport, depuis Lévis jusqu’en Gaspésie, assurent l’alimentation en électricité de toute la population desservie.

Ampèremètre analogique de la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent (1922-1963). La position de l’aiguille sur l’écran gradué en ampères indique l’intensité du courant électrique.

Collection historique d’Hydro-Québec
2004.0132

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1959

Un prélude à de grands exploits techniques

À l’automne de 1959, Hydro-Québec annonce le début des travaux d’aménagement des rivières Manicouagan et aux Outardes, sur la Côte-Nord. C’est le prélude à une grande aventure qui oblige la société d’État à multiplier les prouesses techniques pour aménager ces rivières nordiques et acheminer les importantes quantités d’énergie qu’elles recèlent sur plusieurs centaines de kilomètres afin d’alimenter les grands marchés de consommation de Québec et de Montréal. À l’aube des années 1960, Hydro-Québec est forte d’une expertise enviable dans les domaines de la production, du transport et de la distribution d’électricité. Depuis sa création, elle a connu une expansion continue sans devoir recourir aux ressources de l’État ou augmenter ses tarifs. Hydro-Québec dispose maintenant de tous les atouts lui permettant de se voir attribuer un mandat plus vaste. Ses exploits en font rapidement un symbole de la Révolution tranquille et lui valent une renommée internationale.

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